Le Machiniste du Passé

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On commence un dessin, et tout semble s'arrêter, un instant qui dure des heures, avant que l'oeuvre ne s'éclaire, ne prenne vie d'elle même. Et soudain, l'on se relève, pour contempler ce qui a été crée. Un moment de magie, de confusion, et d'incompréhension aussi. On se pose des questions. Pourquoi l'ai-je crée? Que singnifie-t-il? Et l'on ne sait quoi répondre.


Ce vieux mouton est là, l'air fatigué, la peau ridée. Il a vécu,il le sait, ne le cache pas.Son regard, que je ne parviens pas à croiser, il me rappelle celui de mon chien. Cet air mi-suppliant mi-souffrant posé sur le monde, sur ceux qui ne comprennent pas que tout ce qu'il veut, c'est à manger, que tout ce qu'il désire, c'est une grande caresse au coin du feu.
Et c'est sans doute pour cela que ce mouton, en fin de compte, tire une gueule de chien. Le monde l'a transformé, l'amour a fait de lui un mutant.
Il observe, clope en gueule, celle qu'il a aimé, simple poupée, simple objet dénué d'âme. Il ne me voit pas, ou plutôt, peut-être souhaite-t-il m'ignorer. Et moi, infâme créature, je l'observe comme un simple phasme sur sa branche, comme un simple objet d'étude, un objet...

Mais qui saurait m'en vouloir, à moi qui n'ais dessiné qu'une vague machine, une ombre du passé qui se fait déjà engloutir par le présent. Il ne comprend pas, à moins qu'il ne s'en fiche.On a brisé sa vie. Les machines l'ont brisés. Il est déjà un fantôme qui hante les terres reculées d'Antan. Mais il s'en fiche. Son destin est scellé. Sa vie n'a plus aucun sens. Qu'on le laisse en paix. Du moins jusqu'au jour où quelqu'un, à nouveau, réactivera les roues tristes et lugubres de la mémoire. Il reprendra alors sa besogne, il retournera au travail, et oubliera sa poupée, pour ne plus  penser, pour ne penser qu'à son devoir...